lundi 8 novembre 2010

Nord-Ouest: Parfums d’été sur le plateau de Makthar

Hiver comme été, le plateau de Makthar, situé tout juste sur les hauteurs de la Tunisie méridionale, impose sa présence légendaire en tant que lieu de repos et de villégiature.


Même si le remonter n’est pas une sinécure, il n’en demeure pas moins vrai qu’il est, à bien des égards, fascinant, et les falaises abruptes et escarpées qui l’entourent lui donnent encore plus de charme alors que l’immense forêt qui va au-delà de Kesra est un véritable poumon à oxygène. Mais Maktharis (Makthar) est au carrefour de plusieurs routes reliant les quatre grandes villes du Kef, Siliana, Kasserine via Rouhia et Sbeïtla, et Kairouan via Haffouz. La route que l’on a suivie est quelque peu insignifiante, n’eût été ce vert paradis et cette sensation de hauteur. Il fallait traverser la vallée de Oued Massouj qui franchit successivement de petites éminences s’étageant à droite comme à gauche de la rivière, et la ville de Makhtar est bâtie au milieu de ruines romaines perceptibles dès le premier coup et qui semblent tout de même bien conservées.
Et justement, en parlant de vestiges romains, c’est un peu à côté, à Zama, qu’Hannibal, le célèbre chef carthaginois, a perdu la guerre contre Rome.
Les historiens racontent que la bataille de Zama était décisive pour la mainmise totale des Romains sur l’Ifriqiya.
Les vestiges dont des chapiteaux, des arcs-boutants, des pierres taillées et autres non négligeables donnent de la fierté au Tunisien qui peut facilement comprendre que le pays est une synthèse de plusieurs civilisations. Maktharis en est une illustration édifiante, à bien des égards. En arrivant du Kef, il faut remonter une petite montagne au pied de laquelle a été bâti le village d’El Kholsa et la route tourne considérablement à donner le vertige. Sitôt fait, c’est la perte de vue dans tous les sens et l’on peut imaginer que la ville a été probablement un centre de surveillance, car sa situation au-dessus d’un mont élevé ne peut qu’étayer cette thèse. Plus loin, vers le côté ouest, se situe la localité de Zouakra, une ancienne zone d’ombre où tout a changé suite aux multiples interventions menées par le Fond de solidarité nationale qui a réussi à coups de projets multiples à changer l’aspect hideux de la localité et les conditions de vie de sa population.
En sortant de Makthar vers Kesra, Sayar, une bourgade qui semble collée à la ville située en pente qui descend fortement avant de remonter un oued en contrebas, aussitôt c’est la forêt de Kesra qui embaume la région par ses pins d’Alep, résineux et denses par endroits. Le spectacle est des plus fantastiques par la qualité de la lumière et des contrastes que le couvert végétal provoque tout autour. Et c’est surtout le château d’eau de Kesra qui attire l’attention en arrivant dans la ville, du reste réputée  pour ses figuiers qu’on estime d’un genre particulier  le «zidi», de couleur noire et d’un goût mielleux.
Les habitants de Makhtar ont conservé un tant soit peu leurs bonnes vieilles habitudes, ne dérogeant d’aucune manière aux valeurs paysannes malgré l’urbanisation rapide de la ville qui, au demeurant, trouve du mal à s’étendre en raison de sa situation au-dessus d’un plateau élevé.
La municipalité a cependant déployé de grands efforts en vue d’améliorer le cadre de vie de la population et de rendre la vie heureuse, grâce à ces multiples projets d’aménagement des routes et de la voirie et son bitumage, mais aussi aux projets d’embellissement des entrées nord et sud, et la création de nombreux espaces verts.
La ville de Makthar est bâtie à l’extrémité septentrionale de la chaîne de Jebel Massouj au sommet d’un mamelon. Certaines maisons ont même été construites avec des pierres empruntées aux ruines. Mais les vestiges romains sont bien conservés et clôturés, et les colonnes et chapiteaux de marbre de toutes sortes, qui se remarquent dans l’espace gardé, témoignent de la richesse de l’ancienne ville où l’eau ne manquait point. Les sources  en eau sont abondantes et la qualité de l’eau est merveilleuse de limpidité et coule toute l’année en grande quantité d’autant qu’elle provient des montagnes. La plupart des sources ont été captées et alimentent plusieurs douars et villages avoisinants. Et pourtant, l’eau semble de plus en plus rare, tellement la consommation est devenue importante et les besoins de l’agriculture irriguée plus grands. Mais cela ne gâche en rien le calme de cette région réputée être le fief des «Ouled Ayar».

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